Sur la platine virtuelle de Sur écoute ce mois-ci, deux talents hexagonaux qui démontrent que langue française et rythmes électroniques ont trouvé un terrain d’entente et un retour sur une légende noire du rock’n’roll.
Que faites-vous le 22 novembre ? Vous serez sûrement avec nous au Grand Mix de Tourcoing pour le concert de Malik Djoudi.
Venu sur le tard à la chanson (à 37 ans, plus vraiment un perdreau de l’année), Malik Djoudi touche en plein cœur avec ce quatrième album de pop élégante et groovy, le bien nommé Vivants. Moins mélancolique, plus charnel, Malik Djoudi et sa voix toujours légèrement androgyne alternent hymnes à l’amitié ou au temps qui passe.
Et c’est Chad Zem (fils de Roschdy) qui réalise le touchant clip éponyme de l’album :
Tout juste auréolée du prix Joséphine (alternative aux victoires de la musique), Bonnie Banane, en plus d’avoir un nom de scène vraiment cool, est sans doute l’artiste française la plus inclassable du moment. De son vrai nom Anaïs Thomas, cette Bretonne d’origine est autant l’héritière de Brigitte Fontaine ou Catherine Ringer que la cousine de Rihanna.
Son dernier album Nini fait évoluer Bonnie vers un funk jazz qui sert d’écrin rutilant au récit d’une rupture amoureuse. Faisant preuve d’un éclectisme musical sans frontières (du r’n’b à la bossa nova), Bonnie Banane prouve qu’en musique, l’audace porte ses fruits.
Et juste pour le plaisir le morceau Le code de Myth Syzer avec Bonnie Banane :
Bonnie Banane et Malik Djoudi ne seraient sans doute pas Sur écoute sans ceux qui les ont précédés, c’est pourquoi dans nos oreilles et sous nos yeux cette semaine, il y a aussi un focus sur l’une des artistes musicales les plus mystérieuses de l’histoire du rock.
Nico, de son vrai nom Christa Päffgen, a eu plusieurs vies avant de mourir en 1988 à cinquante ans à Ibiza. Née en Allemagne juste après la guerre, elle fut mannequin, actrice, chanteuse, icône. Elle a traversé l’existence de célébrités (Alain Delon, Andy Warhol, Lou Reed, Jim Morrison…) et creusé un sillon musical inédit. Sa voix grave teintée d’accent allemand sur les titres les plus fameux du Velvet Underground (Femme Fatale, All tomorrow’s parties…) l’a définitivement installée dans le panthéon rock and roll mais c’est à l’occasion de la réédition de son album DesertShore (1970) que Nico se redécouvre aujourd’hui.
En effet, après ses quelques mois aux côtés du Velvet et de Warhol, Nico revient en France retrouver son fils (élevé par la mère d’Alain Delon) et se fondre dans le cinéma d’avant-garde de Philippe Garrel. A partir de là, Nico créera une œuvre musicale intense, précurseuse de la musique gothique. Elle écumera les salles de concert du monde entier dans une sorte d’internationale underground pour délivrer une musique sans concessions mais qui résonne encore fortement aujourd’hui.
Sur la toile, on trouve de précieuses archives comme cette interview en 1972 sur l’ORTF :
Avec le Velvet Underground :
En solo, avec son harmonium
Le morceau Janitor of lunacy (Desert Shore), en hommage à son ami Brian Jones :
https://www.youtube.com/watch?v=44KHVgjgzKQ
Pour les plus aventureux, un clip issu de La cicatrice intérieure de Philippe Garrel (avec le petit Ari Boulogne) :
Et enfin, un biopic très réussi lui est consacré en 2017 sobrement intitulé Nico 1988
La bande annonce ici et la totalité du film dans nos rayons :